à part à part entière

Publié le par charlimagine

DROIT A LA DIFFERENCE?

Rentrée en formation d’éducateur spécialisé, je me conforme à la politique sociale du moment .

Un mot d’ordre : L’autonomie pour la personne adulte handicapé. A grand renfort d’artifice médiatique, tout le monde est prêt à accueillir en son sein ses hôtes « autres » : ni juifs, ni musulmans, ni blancs, ni noirs : différents, comme si déjà avant d’être un être de culture, ils étaient des êtres à part. Apparaître partout ou à paraître? A voir…

 

Le jargon institutionnalisé s’évertue à faire entrer dans le discours de la société :

 l’insertion par le logement
 la valorisation par le travail
 la reconnaissance par les arts.
 

Débats d’idées, foutaises intellectuelles qui prétendent redonner à l’adulte déficient une place honorable dans le paysage des cités, pour faire taire la différence, la fondre dans le décors de la société…Tant que tout ceci reste au stade, aussi stérile que possible, du concept.

 

D’accepter sur le papier à concrétiser dans la réalité, il existe un seuil de formalités : L’intellectuel mécène devient ingénieur d’étude de faisabilités puis missionnaires d’ONG : Officiellement Non Gérable.
Le travailleur social, commercial de l’impossible, brasse les paradoxes : culture de l’autonomie « surveillée ». La personne handicapée peut évoluer dans une aire sociale acceptable :
 Celle où l’on pourrait la voir aller et venir librement,celle où elle prend des initiatives consenties, celle où elle explore un terrain préalablement défraîchi, celle où elle pourrait se croire « comme tout le monde », celle où l’on veut bien la voir « comme tout le monde », celle d’un monde idéalisé pour « elle ». Mais surtout que personne n’aie à pâtir de ce qu'elle est : De  sa logorhée exacerbée, de sa familiarité déconcertante, de ses allusions illusoires, de ses délires qui font fuir.

La société est-elle prête à accepter la personne handicapée…oui…MAIS…Oui, si elle est comme tout le monde (ne l’est-elle pas ? n’est-elle pas être à part entière avant d’être un être à part ?) mais voilà…La personne handicapée n’est justement pas comme tout le monde…

 Je crois qu’une des limites au débat social sur l’autonomie des personnes handicapées tient dans le manque de prise en compte de la différence.

De la personne déficiente, nul ne remet en doute son droit à la vie, son droit au logement, son droit au travail, son droit à l’épanouissement personnel…Mais finalement qui lui reconnaît son droit à être « handicapé » son droit d’être différent :L’acceptation de ne pas être ce que la normalisation aurait voulu qu’elle soit…

La tolérance voudrait que l’on parle de la personne déficiente  sans la gêne de lui « avouer son handicap », de l’accepter pour ce qu’elle est et non ce que l’on voudrait qu’elle soit. Bien loin de moi de vouloir la  stigmatiser   dans un pantomime d’humanité, j’aspire juste à ce qu’on l’identifie avec toute l’authenticité de sa personnalité,toute la valeur de son existence qui font le deuil de sa « normalité ».

 C’est dans la reconnaissance de cette différence que la personne handicapée pourra imposer son statut d’individu propre et reconnu.

 

Publié dans radio miroir

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L
Plus je le lis, plus je pense que cet artice devrait faire école ...Papounet ce farfadet Bious à vous. 
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L
BOn Dimanche de Pâques notre Charlotte à Toi et à JulienGros gros gros Bisous de Maman , Papa, Amélie et Cédric
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L
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L
C'est ce que j'ai toujours pensé et prôné : Laissons les pour ce qu'ils sont , reconnaissons leur le droit d'être différents de nous  et donc devant vivre une existence  conformément  à ce qu'ils sont  et non accomodée à nos normes  et répondons à leurs besoins spécifiques en tenant compte de leur humanité différente de la nôtre .Excellent article Charlotte  . bien formulé et soulignant les invraissemblances de ces utopies socio-éducatives ...  La réalité, c'est que très peu de personnes, hors institutions, sont prêtes à accepter ces personnes handicapées et déficitaires  pour ce qu'elles sont et donc accepter qu'elles vivent dans leure proximité ...Bisous de Maman et Papa à vous Deux
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M
Wai ! vive la discrimination positive !
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